mercredi 7 mai 2014

Le bonheur n'est pas un sport de jeune fille de Elise Tielrooy, chez Belfond

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Quand je reçois un premier roman il court-circuite systématiquement ceux qui patientent jusque là sans faire de bruit dans ma "pile de lecture". Je me sens une responsabilité vis à vis de cet objet en pensant aux espoirs que l'auteur a placé en lui.

Ma bienveillance s'arrête là. Je n'ai pas moins d'exigence et ma critique peut être sévère, sans que je prétende avoir raison.

Le bonheur ... n'a pas dérogé à la règle. Et me voilà bien en peine de rédiger une chronique sur ce livre. L'image qui me vient pour en parler serait celle d'un flipper. Je ne sais pas si vous avez déjà joué à ce jeu mécanique, puis électronique, qui a fait fureur dans les cafés jusqu'à ce qu'il soit détrôné par les jeux video dans les années 80.

Le but était de propulser la boule métallique le plus longtemps possible en évitant qu'elle ne sorte du plateau de jeu.

Les personnages d'Elise Tielrooy sont autant de billes qui se télescopent de multiples façons. J'en ai eu parfois le tournis. Je me suis perdue aussi entre les échanges à haute voix et les dialogues intérieurs.

J'ai lu jusqu'au bout parce qu'il y a de très beaux passages, des envolées lyriques très bien construites, des personnages attachants, des relations originales, des rebondissements incessants qui tiennent véritablement en haleine et de jolies formules.

Bref, ce livre est bouillonnant, comme le sont les bains où plongent les clients du centre de thalassothérapie où ils sont arrivés pour se ressourcer. Il y a, pêle-mêle, une caissière de supermarché (c'est incroyable comme ce métier est à la mode dans les romans ces jours-ci...) ayant gagné un concours, une retraitée richissime, un couple usé par la vie de famille, un chef d'entreprise, une opportuniste, un concierge compatissant, ... et surtout une masseuse de 22 ans, qui va voir son passé ressurgir et mettre un joyeux désordre dans le bel équilibre des soins, entamant au passage bien des défenses et fragilisant les curistes les plus résistants.

Ses mains sont quasi magiques. Normal me direz-vous pour une masseuse. Mais c'est  bien plus que cela et ce n'est pas sans faire penser d'une certaine manière à celle d'Anna des miracles, que j'ai lu juste avant.

Pour ce qui est de thérapie, chacun a un problème à régler et le poids, les vergetures ou les rhumatismes ne sont que secondaires. Comme le dit l'auteur, ils ne "sortiront ni minces ni détendus mais globalement meilleurs" et c'est ce qui fait le charme de son livre.

Les problèmes tourbillonnent et semblent aspirer chacun dans un vertige qui les tire par les pieds au plus profond d'eux-mêmes. Ils vont pourtant parvenir à remonter à la surface, avec plus ou moins de cocasserie, quitte à faire des dégâts.

Le bonheur n'est pas un sport de jeune fille est vraiment une tragi-comédie, cocasse et pétillante que je verrais bien se décliner en feuilleton. Comme quoi son point faible pourrait être une force.

Vous connaissez sans doute Elise Tielrooy comme comédienne. Au cinéma, elle fut notamment l'infirmière Cécile de La Chambre des officiers, réalisé par François Dupeyron en 2001, d'après le roman éponyme de Marc Dugain. Elle sort du tournage des épisodes de la quatrième saison de Mes amis, mes amours, mes emmerdes sur TF1 où elle incarne Marie Belot Kleber.

Sa carrière d'écrivain ne fait que commencer et ce serait dommage qu'elle s'arrête en si bon chemin.

Le bonheur n'est pas un sport de jeune fille de Elise Tielrooy, chez Belfond, en librairie le 7 mai 2014

mardi 6 mai 2014

Un cheesecake sans oeuf ni gélatine, c'est possible

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Un cheesecake sans oeuf ni gélatine, c'est possible. C'est même le gâteau que j'ai décidé de faire pour l'anniversaire de 750 grammes.

Un an déjà ! J'ai l'impression que c'était hier que nous inaugurions l'atelier parisien du 60 de la rue du faubourg Poissonnière.

Chef Damien s'occupait des boissons. Les bloggers étaient invités à apporter comme cadeau un plat réalisé en suivant une recette du magazine qui lui aussi a presque un an, à une quinzaine de jours près. Je m'étais arrêtée sur celle de Dorian, en page 76 du numéro 6

J'étais très intriguée par les proportions. Cela me semblait "petit" et si j'avais regardé la partie située à droite sur la photo pleine page de ce dessert j'aurais compris que c'était une recette pour 3 appétits, 4 à la rigueur. Je l'aurais remarqué à la taille du fouet posé à coté du plat ... euh de l'assiette.

Comme je suis mes intuitions j'ai un peu gonflé les proportions et le résultat était tout à fait satisfaisant pour 8 personnes comme en témoigne la photo prise juste avant la dégustation.

Vous remarquerez d'ailleurs un autre cheesecake à coté qui, lui, respectait les quantités préconisées. Nettement plus petit. Si je puis me permettre cette suggestion à la rédaction du magazine : mentionnez toujours le diamètre du moule.

Il ne faut jamais suivre une recette à la lettre
C'est Dorian qui me la dit ce soir. Lui-même corrige systématiquement toutes celles qu'il réalise, ajoutant quelque chose, retirant un truc, changeant les proportions ... alors je pouvais bien m'inspirer de la sienne sans l'exécuter à la lettre. J'avais sa bénédiction a posteriori. Ouf !

Pour un Cheesecake aux fruits rouges pour un moule de 21 cm
Préparation 30 minutes / Cuisson 10 minutes
Attente 4 heures (mieux 24)

Ingrédients :
250 grammes de fromage de type Philadelphia (j'ai pris 330 de Tartidou)
10 cl de crème liquide entière (j'ai pris 25 cl)
90 grammes de biscuits de type digestive (j'ai pris des spéculoos)
30 grammes de beurre, plus un peu pour le moule
20 grammes de sucre roux (j'ai pris du rapadura)
90 de sucre en poudre (là encore j'ai pris du rapadura)
120 grammes de framboises et 30 de groseilles
le zeste et le jus d'un demi citron jaune (j'ai ajouté aussi un zeste de citron vert)
5 cl de coulis de framboises

Le fond :
Préchauffer le four à 140° (th 4-5)
Ecraser les biscuits à la main au-dessus d'un saladier, réduire en poudre fine au pilon.
Incorporer le beurre mou et le sucre roux.
Amalgamer du bout des doigts pour obtenir un mélange sablé et homogène.
Verser au fond d'un moule à charnière beurré. Tasser à la main puis au dos de la cuillère à soupe.
Cuire au four 10 minutes puis laisser refroidir.
Mon truc en plus : tapisser le moule de papier sulfurisé pour faciliter le démoulage ultérieur. On peut doubler la quantité de biscuits mais personnellement j'aime autant que le fond ne soit pas très épais. C'est affaire de goût.

La crème au fromage frais :
Verser le fromage dans un saladier, ajouter zestes et jus de citron et le sucre en poudre
Mélanger pour bien détendre le fromage.
Monter la crème liquide en Chantilly bien ferme et ajouter délicatement au mélange en évitant de faire retomber la Chantilly et jusqu'à obtenir un mélange homogène.

Le montage :
Recouvrir le fond d'une belle couche de crème.
Poser  dessus délicatement des framboises.
Ajouter une couche de crème.
Poser cette fois dessus des groseilles (en réserver quelques-unes pour la déco).
Terminer la crème et lisser à la spatule ou avec le dos d'une cuillère à soupe.
Laisser prendre 4 heures au frais couvert d'un film alimentaire (pour éviter la communication d'autres odeurs dans le réfrigérateur)
Présentation :
Ouvrir la charnière du moule.
Disposer sur un plat et découper.
Décorer comme sur la photo et servir le coulis à part en saucière.
... Et pour les amateurs de scoop
J'en ai deux, quasi trois. D'abord Chef Damien rêve d'être un héros de roman-photos et l'a fait savoir à la rédaction du magazine Nous Deux. Qui sait si prochainement nous verrons cette nouvelle corde à l'arc de notre chef déjà très occupé ?

La seconde information exclusive est celle de l'ouverture d'un restaurant 750 grammes dans le 15ème arrondissement de Paris. Et j'aurai l'occasion de vous en parler en détail dès que le projet aura avancé. Pour cela il faudra tout de même attendre le mois de novembre. La période va être très chargée pour Damien puisqu'il n'est pas question de renoncer au Salon du blog culinaire de Soissons qui va, pour cette 7ème édition, inviter des cake designers. Et de trois !

L'affiche est déjà prête pour annoncer la nouvelle.
Pour lire les articles consacrer au SBC taper "Salon du blog culinaire a bride abattue" sur Google

lundi 5 mai 2014

Anna des Miracles de Virginie Langlois chez Buchet Chastel

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Anna est une caissière de supermarché qui, découragée par le monde de la consommation, décide de partir en pèlerinage du Puy en Velay jusqu'à Compostelle. Très rapidement, à sa grande surprise et bien malgré elle, ses mains se mettent à faire des miracles. Déjà certains pèlerins accélèrent le pas. D’autres rebroussent chemin pour la rencontrer. La rumeur se répand, s’enflamme. On parle de ses guérisons dans les journaux.
Anna possède-t-elle réellement un pouvoir ? Quel est le rôle de Jean, cet inconnu qui s’est joint à elle et qui, chaque soir, l’invite à fumer d’étranges cigares ? Le chemin apportera-t-il des réponses ?

J'ai commencé Anna des Miracles assaillie de doutes. Je n'étais pas motivée par le sujet. Ma pensée était brouillée par les souvenirs du drôlissime film tourné en 2005 par Coline Serreau, Saint Jacques la Mecque, avec Muriel Robin, Jean-Pierre Darroussin, Pascal Légitimus.

Sauf que le livre de Virginie Langlois est tellement vivant, autant profond que fluide, que je ne l'ai pas lâché.

Anna des Miracles est un livre qui bouscule les codes habituels
Il correspond sans nul doute à la philosophie qui anime l'auteur. Elle est à la fois hors du temps, avec des valeurs très fortes loin des modes et très ancrée dans le XXI°siècle dont elle intègre les usages, comme celui des réseaux sociaux.

Elle a d'ailleurs ouvert un blog où, depuis le 20 avril,  elle raconte avec l'appui de photos les étapes du voyage de son héroïne.

J'ai pensé au généticien Albert Kahn qui parcourt la France à pieds à la recherche du bonheur et de la liberté. Il  échange tous les soirs avec des lecteurs via les réseaux sociaux. Et il s'est trouvé lui aussi un moment sur le chemin de Saint-Jacques même s'il ne se considère pas comme un pèlerin.

Un récit d'initiation qui n'est pas donneur de leçons
C'est ce qui m'a fait poursuivre la lecture, un peu comme si je suivais le chemin des mots.

C'est parce qu'elle se découvre en manque du brut, du minéral, du végétal, de l'animal (p. 37) qu'elle quitte tout pour se mettre en route : l'artificiel de mon quotidien m'avait engluée sous des couches de vernis épais que les pierres du chemin avaient commencé à poncer.

Aller à Compostelle aujourd'hui n'est cependant plus la prouesse d'autrefois, en bure et sandales, sans baume à l'arnica soixante kilomètres par jour. Beaucoup mouraient en route. Rien à voir avec les progrès dont bénéficient les pèlerins d'aujourd'hui qui se limitent souvent à trente.

Il n'empêche qu'Anna va être confrontée à des bobos de toutes sortes.

La première entorse
Elle commence par soulager une allemande ... en posant ses mains fraiches sur l'articulation enflammée. Anna est une personne simple qui aime les gens, et qui prend soin des autres. Elle ne passe pas à coté de quelqu'un sans le voir, et sans percevoir sa souffrance. Elle a développé un tel sens de l'observation qu'elle en deviendrait presque psychologue.

Et puis elle se lie avec Jean, qui devient son mentor, malgré les craintes que lui inspire ce sexagénaire qui intercale une fine couche de silence entre les feuilles du tabac qu'il partage avec elle, le soir venu.

Anna du magasin, du chemin, des miracles
Rencontre après rencontre, la jeune femme se débarrasse de sa carapace. La caissière devient une célébrité sur le chemin où on la guette pour bénéficier de ses dons. Elle soulage sans espoir de retour et c'est avec surprise qu'elle découvre la manière dont les gens lui manifestent leur reconnaissance.

Elle interroge la manie qu'elle a depuis l'enfance de prendre son pouls, pour conjurer sa peur de mourir. Anna a su compter avant d'apprendre à lire. Son aptitude au calcul mental est source de situations cocasses que l'auteur met en scène avec humour sans cacher le penchant autistique de son personnage.

Elle suit le chemin avec humilité. Le parcours géographique deviendra spirituel puis métaphysique. Le chemin sait où il nous mène. Et pourtant, une réponse reste toujours une question de point de vue, de culture, de croyance, d'époque, de morale, de manque de connaissances, de lacunes de la science.(p. 163)

Lire ce livre maintenant c'est courir le risque de bifurquer votre destination de vacances ... qui sait si vous ne déciderez pas de prendre le chemin ...
Virginie Langlois est née dans le Var en 1966 et vit sur sa presqu’île natale, face à la rade de Toulon. Ingénieur, elle a travaillé quelques années dans l’industrie avant de mener une réflexion philosophique sur la nature quantique de la réalité. Ecrivain, scénariste, conférencière et animatrice d'ateliers d'écriture créative, elle se consacre à diffuser la richesse des idées que la science d’aujourd’hui, au carrefour des arts, de la philosophie et de la spiritualité, nous offre. Elle a publié Les Sabliers du temps et La Grande Eclaire chez Actes Sud.

Anna des miracles de Virginie Langlois, chez Buchet Chastel, sortie en librairie 5 mai 2014

vendredi 2 mai 2014

Ma rencontre avec Sylvie Bourgeois, pour J'aime ton mari

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Hier, je vous disais combien j'avais apprécié, le mot est faible, le dernier livre de Sylvie Bourgeois J'aime ton mari, aux éditions Adora. Je disposais des coordonnées de l'auteur. C'était trop tentant de lui proposer une rencontre au Flore, que je savais être son café préféré. Il faut dire que leur chocolat y est délicieusement velouté et qu'il favorise les confidences.

Je l'ai interrogée à propos de la citation d'une marque de vêtements dans son livre. Elle m'a confié son goût pour la psychologie, son amour pour la vie de son quartier et m'a raconté ses habitudes de travail.

Une fille du 6 ème
C'est peu dire que Sylvie Bourgeois aime son quartier. Il est propre, il sent bon, il est formidable. Elle y circule à bicyclette. Elle y fait ses courses, dans des boutiques tenues par de vrais commerçants.

Elle est au Flore comme chez elle, adore y boire un chocolat chaud le soir en compagnie de son mari. Elle connait chaque garçon et beaucoup de clients.
Sylvie a la psychologie dans le sang
C'est une mathématicienne née. Elle analyse le comportement des gens de façon quasi scientifique. Elle arrive très vite à prédire l'enchaînement des actions à partir d'une réaction, d'une petite phrase., en mobilisant ce qu'elle ressent. Puisque tout obéit selon elle à une logique prévisible ... enfin pour elle.

Ses copines font appel à son double talent (l'intuition et le sens de la formule) pour lui demander conseil au moment de rédiger "le" SMS qui touchera le coeur de leur future moitié. On pourrait dire d'elle que c'est une bonne âme.

Une radio l'a engagée comme chroniqueuse du courrier du coeur et pendant un mois elle a dispensé des conseils amoureux. Le plus déroutant : ne cherchez pas le grand amour ... pour le  trouver ! Vous devinerez qu'elle ne recommande pas la fréquentation des sites de rencontres, ce qui transparait clairement dans son dernier livre.

Elle glisse dans chacun de ses livres sa phrase fétiche (p. 95 de J'aime ton mari). C'est mon gimmick, concède-t-elle avec malice depuis mon premier roman Lettre à un monsieur (Editions Blanche, 2003). Aucun homme n'y résiste. Et je vous laisse le plaisir de la découverte.

Au Salon du livre de Saumur, les deux tiers des acheteurs du livre étaient des hommes, interpelés par la couverture sous l'oeil médusé de leurs épouses.
Elle ne recycle pas les confidences
Sylvie ne raconte jamais ce qu'on lui a confié. C'est une éponge qui mémorise tout ce qu'elle entend sans jamais prendre de notes. Sa mémoire est infaillible : j'ai tout dans la tête. Je ne stocke pas des cahiers noircis de petites phrases et de bons mots.

Elle aime la réalité, l'observer, la décrire.

Elle se sert de ce qu'elle connait. Comme la misère financière pointée à Saint-Tropez où la solitude est la pire des hontes.

Elle pourrait s'énerver pour un "non"
Les protocoles sont devenus aberrants. Sylvie en donne des exemples en racontant les mésaventures d'Emma dans l'aéroport. Quand elle veut récupérer le sac oublié dans l'avion elles se heurte à la violence institutionnelle lui réclamant une pièce d'identité. Comme si elle pouvait en produire une !

Sylvie confie que le "non" la fatigue beaucoup. Toutes les procédures que nous subissons seraient tolérables si elles servaient à améliorer le quotidien alors que c'est tout le contraire qui se produit.

Elle me confie aussi qu'elle n'aime pas la "chick lit", une romance qui selon elle aide à foutre sa vie en l'air. Les héroïnes de Sylvie ne sont pas superficielles. Elles font face à de vrais problèmes et ne se complaisent pas dans le rêve. Elles ne fantasment pas leurs désirs comme le personnage incarné par Sophie Marceau dans le film Une rencontre dont on parle beaucoup ces jours-ci.

Ses personnages féminins sont animées par des valeurs de bienveillance, de solidarité, de partage et d'équilibre. Elles sont capables de courage. Ce sont de vraies filles, pas des caricatures.
Un partenariat avec la fée Maraboutée
C'est important de visualiser au plus près un personnage. Ce n'est pas la même femme qui s'habille en Caroll, en Heimstone, ou en Maje. Toutes les filles n'ont pas les moyens de se payer des vêtements Agnès B ou Prada, même en soldes.

Quand Charlotte prête une de ses tenues à Emma elle choisit une robe pas chère, qui ne nécessite pas de passer par la case pressing avant et après. Et s sa copine tombe dans un buisson d'épines avec (la jeune femme mélange boisson à bulles et codéine, ce qui provoque quelques effets secondaires) et qu'elle l'abime personne n'en fera un drame.

Tant qu'à faire, on oublie la petite robe noire passe-partout et on opte pour un ton qui vous assurera la vedette. Sylvie fait donc porter à son héroïne une robe couleur framboise qu'elle attribue à la fée Maraboutée sans savoir que ce modèle existe bel et bien dans la collection printemps-été, et qu'il est fluide à souhait, selon la formule qu'elle estime magique pour la ligne. C'est plutôt original et vous n'êtes pas obligé de me croire mais ce n'était pas prémédité.

Plusieurs connexions existent entre la marque et la romancière. Jean-Pierre Braillard le directeur artistique de La fée Maraboutée et Sylvie sont tous deux originaires de Besançon. Fred, le coiffeur des stars, qui transforme Emma en véritable bombe, porte un tatouage de la fée... clochette. Et l’héroïne possède elle aussi des pouvoirs magiques : elle est barreuse de feu.

Le style vif, drôle, espiègle, positif et enjoué de Sylvie correspond parfaitement à l'état d'esprit de la marque qui lui a donc proposé un véritable partenariat coup de cœur. Un T-shirt à message J’aime ton mari a été réalisé à l’occasion de la sortie du roman le 5 mars, et un nombre limité de la fameuse robe framboise font en ce moment l’objet de jeux concours.

La fée Maraboutée n'a pas résisté. Elle a ouvert à Sylvie les pages de son blog quelques jours avant le nouveau Festival de Cannes.

Cette collaboration a changé un peu la vie de Sylvie qui porte désormais des couleurs. Elle a abandonné le noir qui "va avec tout". Sac rouge, blouson rouge, foulard fleuri ... qui lui donne bonne mine. 
Ecrire est plus que son métier
En optant pour la troisième personne Sylvie bourgeois prend de la distance avec ses personnages, comme si elle les photographiait en se reculant. Cette position lui offre davantage de légèreté que le "je" des précédents romans.

Sylvie écrit ... ou pas. Et si c'est oui alors c'est à 100%. Il n'y a plus place pour le téléphone ou les mails. Les horaires deviennent des horaires de bureau jusqu'à l'achèvement du roman, ou du scénario. de tout le gros oeuvre, sachant qu'il restera des finitions coté ponctuation et corrections.

Elle aime écrire pour la concentration que l'exercice la contraint à avoir, pour ne pas s'éparpiller et tendre vers un objectif : Quand j'écris je vais quelque part.

Elle a beau adorer l'atmosphère du Flore c'est chez elle qu'elle se concentre le mieux. Dans un très beau bureau, vaste, sur une table blanche, nette et dégagée, où rien ne traine, confortablement calée dans un immense fauteuil rouge, avec un frigo bien rempli, et en sachant son mari dans une proximité rassurante : il ne faut pas être en manque pour pouvoir (bien) travailler, dit-elle en faisant allusion à la satisfaction des besoins selon la pyramide de Maslow.

Actuellement elle finalise l'Architecte, qui va être son prochain livre.

Que feriez-vous si vous n'aviez pas peur ?
C'est la question que Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, pose à ses employés. Sylvie se dit lucide sur ses capacités et ne prétend pas être Super Woman. Elle interroge son héroïne (p. 38) pour lui faire prendre conscience de la censure qu'elle exerce à l'encontre d'elle-même.

J'ai pointé hier que le livre était très dialogué. Ils servent à couper court aux explications que les auteurs délaient souvent pour justifier les attitudes de leurs personnages. En se relisant elle joue tous les rôles qui doivent résonner musicalement. Il faut que le lecteur entende les bruits de la fête.

On pourrait passer des heures en compagnie de Sylvie sans voir le temps passer. Elle a travaillé quinze ans dans la communication et nous avons presque des expériences semblables. On sent qu'elle n'a pas tout dit dans la petite série des Sophie ... au Flore et à Cannes.

Elle va repartir sur son vélo faire quelques courses indispensables. Elle pourrait aller nager si nous étions au bord de la mer car elle adore cet élément. Elle laisse le souvenir d'une femme qui sait penser, analyse, et rire aussi.

J’aime ton mari de Sylvie Bourgeois, chez Adora, sortie le 5 mars 2014

jeudi 1 mai 2014

J'aime ton mari

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N'ayez pas peur ... il ne s'agit pas du vôtre ... enfin allez savoir ...
En tout cas je veux parler ici du dernier livre signé par Sylvie Bourgeois aux éditions Adora.

Quitte à écorner ma réputation (surfaite) d'intellectuelle je n'ai pas peur de dire que j'ai a-do-ré cette comédie romantique qui vaut largement les yeux jaunes d'un alligator, ceux qui comprendront apprécieront.

C'est l'histoire d'Emma, godiche, écolo et militante. Elle mise sur la bienveillance et abhorre les rapports de force. Elle est veuve et maman d'un Benjamin de 5 ans (qui n'apparait pas à l'écran parce que l'histoire se déroule sur un week-end où il est gardé par je ne sais plus quelle copine).

Le mot écran n'arrive pas tout à fait par erreur ici parce que j'ai eu le sentiment de lire un scénario, ce qui n'est pas si éloigné que ça de la réalité. La trame est en train d'être adaptée pour le cinéma.
Quand elle était lycéenne, Emma fut amoureuse d'un de ses profs, qui préféra épouser sa soeur ainée Fabienne. Et maintenant c'est son futur beau-frère qui fait battre son coeur le jour même du mariage de sa très jeune soeur Myrtille. Il y aurait bien aussi un autre bel homme auquel elle s'est heurtée dans l'avion qui l'emmenait vers la destination de rêve qui sert d'écrin à la cérémonie. L'un d'entre eux serait-il l'homme de sa vie ?
Emma est tout sauf une séductrice et il n'y a que sa copine Charlotte pour croire qu'elle puisse de nouveau s'aventurer un jour sur le terrain amoureux. Ce ne sont pourtant pas ses bons conseils qui manquent et vous pourrez, mesdames, les mettre à profit si le coeur, ou le corps, vous en dit.

Fred sera l'alter ego de Charlotte sur place pour booster la libido de l'héroïne et surtout lui redonner confiance en elle.

Ce sont toutes les péripéties de ces vingt-quatre heures que Sylvie Bourgeois nous narre avec une énergie et un franc-parler réjouissants. Elle appelle une bite une bite, sans être le moins vulgaire et cela fait du bien de lire un livre qui ressemble par sa liberté de style à ce qu'on peut trouver dans les blogs. Rien d'étonnant, vous me direz puisqu'elle en connait un rayon dans ce type d'écriture.

Un roman qui est une leçon de vie
Le ton est léger mais il ne faut pas se fier aux apparences. Et le conseil de Charlotte (p.12) devrait être donné par toutes les mères à leur fille au lieu de leur raconter l'histoire du Petit chaperon rouge : Refuse d'accorder à quiconque le droit d'avoir un pouvoir de nuisance sur toi, et quand tu ne sais plus comment réagir, choisis de résister par l'humour. rire est souvent la seule réponse pour sortir la tête haute d'une situation humiliante, cela t'évitera de céder à la colère.

L'auteur fustige les comportements stéréotypés par l'absurdité administrative des règlements appliqués à la lettre. On se dit en la lisant qu'elle a dû vivre de mauvais moments dans les aéroports.

On devine qu'elle a beaucoup écouté ses copines et recueilli de nombreuses confidences. Et comme elle a le sens de la répartie le livre fourmille de bonnes idées et de réflexions d'une sagesse désopilante.

Par exemple, p. 156 : Tout le monde ment à tout le monde et plus personne n'accepte d'aimer quelqu'un de son âge de peur de voir dans le regard de l'autre sa propre image vieillissante.

Un roman très dialogué
On pourra le lui reprocher. Que voulez-vous, Sylvie est scénariste. C'est à elle qu'on doit par exemple le script du film les Randonneurs  à Saint-Tropez qu'elle a co-écrit avec Eric Assous et Philippe Harel.

Alors, forcément, avec elle les répliques fusent. Il n'empêche que c'est facile à lire tout en étant sérieux. Et je n'ai pas été étonnée de trouver (p. 199) une analyse de Jung sur le rapport amoureux : la rencontre de deux personnalités est comme le contact de deux substances chimiques; s'il se produit une réaction, les deux en sont transformés.

Sylvie Bourgeois, avait déjà publié plusieurs livres dont les fameux Sophie à Cannes et Sophie au Flore chez Flammarion. Le roman dégage tellement d'énergie positive que j'ai eu envie de rencontrer l'auteur. Nous avons pris ensemble un chocolat dans son café préféré, le Flore bien évidemment. Je vous raconte demain notre entretien.

J’aime ton mari de Sylvie Bourgeois, chez Adora, sortie le 5 mars 2014
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